Michèle Rubirola élue maire de Marseille, qui passe à gauche
VIDÉO. La candidate du Printemps marseillais succède à Jean-Claude Gaudin à l'issue d'un premier conseil municipal riche en rebondissements ce samedi.
Source AFPMarseille connaît son nouveau maire. Après 25 années de règne de la droite avec Jean-Claude Gaudin, la ville repasse à gauche. Michèle Rubirola, candidate du Printemps marseillais et première femme à diriger la ville, a été choisie comme nouvelle maire lors du premier conseil municipal ce samedi. Le suspense a duré plusieurs heures et deux tours de scrutin ont dû être nécessaires pour départager Michèle Rubirola de Guy Teissier, candidat LR, et Samia Ghali (ex-PS), qui a finalement retiré sa candidature pour rallier le camp de la nouvelle maire.
À l'issue d'un premier tour, sur 101 conseillers, 92 avaient pris part au vote. Michèle Rubirola (Printemps marseillais) et Guy Teissier (LR) sont arrivés au coude-à-coude, avec respectivement 42 et 41 voix. Samia Ghali, elle, a obtenu 8 suffrages. Alors qu'aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue (46 voix), un deuxième tour de scrutin a eu lieu après une longue interruption. Un nouveau coup de théâtre a eu lieu après cette pause, puisque Samia Ghali a annoncé qu'elle apportait finalement son soutien à Michèle Rubirola et ne présentait pas sa candidature pour le deuxième tour du scrutin. De quoi permettre de faire basculer le vote, avec 51 voix en faveur de Michèle Rubirola, contre 41 pour Guy Teissier.
Le RN absent du vote
La séance s'était ouverte dans la matinée avec un départ théâtral des conseillers Rassemblement national. « Nous ne présenterons pas de candidat, nous ne participerons pas au vote […], nous laissons les magouilleurs, les marchands de tapis et ceux qui confisquent la démocratie, nous vous laissons entre vous », a tonné le sénateur RN Stéphane Ravier après avoir pris la parole quelques instants avant le premier vote du conseil. « La ville de Marseille est prise en otage par une élue qui ne représente que 2,89 % des Marseillais », a-t-il fustigé, désignant Samia Ghali, après être sorti de l'hémicycle. Autre coup de théâtre, l'élu LR Lionel Royer-Perreaut s'est retiré de la course au poste de maire quelques minutes avant le début du conseil.
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Les 9 sièges essentiels
Malgré ses 38,3 % des suffrages au second tour dimanche, loin devant les listes LR (30,8 %), Michèle Rubirola, 63 ans, médecin dans des quartiers populaires et écologiste de la première heure, était loin d'être assurée d'être la première femme à la tête de la deuxième ville de France. Loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) oblige, l'élection se fait par secteurs. Et aucune majorité absolue n'était sortie des urnes : 42 élus pour le Printemps marseillais, 41 à droite en comptant les 2 sièges restant au dissident LR Bruno Gilles. Loin, donc, des 51 voix nécessaires, sur 101, pour conquérir l'hôtel de ville et sa vue imprenable sur le Vieux-Port et la « Bonne Mère ». Avant ce samedi.
« Je suis soulagée de voir que la volonté du peuple de Marseille a été respectée », a déclaré Michèle Rubirola, la voix empreinte d'émotion juste après son élection. Jean-Claude Gaudin a souhaité bonne chance à sa successeure après le résultat du scrutin de ce samedi. « Marseille appartient à qui vient du large, je ne sais pas si le Printemps marseillais vient du large, mais je sais qu'il vient de loin », a souligné cette médecin, qui exerce depuis des années dans des quartiers populaires. Elle a promis de « réduire la fracture territoriale », dans une ville divisée entre quartiers très paupérisés et riches. « Ce projet, c'est celui d'une ville plus verte, plus juste et plus démocratique », a-t-elle lancé. « À tous ceux qui ne sont pas allés voter, je veux leur dire qu'on agira toujours dans l'intérêt général, quelles que soient nos différences. »
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« Pile ou face »
Jean-Claude Gaudin a souhaité bonne chance à sa successeure après son élection samedi. « Je lui souhaite une pleine réussite pour poursuivre le développement de notre ville au service de tous et présider aux destinées de la deuxième ville de France dans la cohésion de toute la population et de tous nos quartiers », a écrit l'ancien maire de Marseille dans un communiqué.La sénatrice ex-PS Samia Ghali, dont les neuf voix, qui étaient loin d'être acquises au début du conseil municipal, ont permis à Michèle Rubirola d'être élue, s'est quant à elle dite « fière de ne pas avoir divisé Marseille » et de « ne pas avoir rendu Marseille triste ».
L'échec apparent des négociations du Printemps marseillais avec Samia Ghali aurait pu barrer la route définitivement à Michèle Rubirola. L'élu communiste Jean-Marc Coppola, membre du Printemps marseillais, s'était déclaré avant la séance « plutôt confiant », même s'il a reconnu ne pas pouvoir prédire « le degré d'inconscience de certains », une allusion à peine voilée à Samia Ghali et ses huit colistiers. « Ce sera à pile ou face », avait lâché de son côté Sophie Camard, une autre élue du Printemps marseillais.
Côté Républicains, l'appui de Samia Ghali était également essentiel. Car eux aussi étaient loin de la majorité absolue, et le retrait du Rassemblement national les privait d'éventuelles voix de ce côté, une opportunité que tous leurs leaders avaient de toute façon écartée. Pour les représenter, le parti, plombé par une campagne marquée par l'ouverture d'une enquête sur des soupçons de fraude aux procurations, a changé son fusil d'épaule. Battue dans les 6e et 8e arrondissements, réputés imperdables pour la droite, Martine Vassal, dauphine désignée de Jean-Claude Gaudin, a cédé la place à Guy Teissier, 75 ans, vieux routier issu de la droite dure.
Le député LR avait un avantage : prime au doyen oblige, il l'aurait emporté au troisième tour, disputé à la majorité relative, si deux candidats étaient à égalité… Mais le feuilleton s'est terminé avant.
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